Le Shaykh Ahmad Ibn Idriss face aux juristes wahhabites

Jean Abd al-Wadoud Gouraud

15-03-2005

Avant d’aborder ce qui compose l’essentiel de notre sujet, nous aimerions présenter le Shaykh Ahmad Ibn Idris à travers les mots de l’un de ses héritiers spirituels contemporains, par lequel la Tarîqa Ahmadiyya Idrisiyya Shadhiliyya a été introduite en Occident :

Le Shaykh Ahmad Ibn Idris (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « Nous ne tirons de fierté d’aucune créature, quelle qu’elle soit ; nous ne plaçons d’espoir en aucune créature pourquoi que soit. Nous sommes des serviteurs de Dieu, en voyage vers Dieu, ne craignant que Dieu, n’espérant en rien d’autre que Dieu, ne s’attachant à rien d’autre que Dieu, et ne plaçant leur confiance en rien d’autre que Dieu. Quiconque ne s’attache qu’à Dieu est guidé sur la voie droite, et quiconque place sa confiance en Dieu est récompensé, selon les paroles de notre seigneur et maître Muhammad, l’Envoyé de Dieu (que les Bénédictions et le Salut de Dieu soient sur lui) : ‘Ce qu’un homme craint a maîtrise sur lui, mais si un homme ne craint que Dieu, rien d’autre que Dieu n’aura maîtrise sur lui’. Et il a dit aussi : ‘Un homme dépend de ce qui le conduit vers ce à quoi il aspire, mais si un homme n’aspire qu’à Dieu, Dieu ne le mènera vers rien d’autre’.1

Ainsi vécut le Shaykh Ahmad Ibn Idris, tourné tout entier vers le souvenir de Dieu seul, en conformité avec l’enseignement coranique : « Certes, le souvenir de Dieu est plus grand ».2 Sa vie est si simple et si droite qu’on en sait, somme toute, peu de choses. Il manifesta la plus grande transparence spirituelle, au service de Dieu, et l’on devine l’ampleur de ce « saint énigmatique » à la trace profonde et durable qu’il laissa parmi ses disciples, et au rayonnement de son influence spirituelle aux quatre points cardinaux du monde musulman.

Le Shaykh Ahmad Ibn Idris ne fut pas, comme d’autres maîtres de son époque, un Shaykh fondateur d’une tarîqa au sens strict du terme, mais l’interprète de l’essence du Soufisme, qui est la voie Muhammadienne (at-tarîqa al muhammadiyya). La vie du Shaykh se résume au parcours patient de cette voie de rectitude, qui constitue le plus court chemin vers Dieu. Il était certes rattaché aux « turuq » par ses maîtres spirituels, notamment à la Shadhiliyya. Mais il se reconnaissait avant tout comme le transmetteur de la bénédiction de la chaîne initiatique de la Khadiriyya. Il était, en effet, le disciple du Shaykh Abu Muhammad Abd al Wahhab at-Tazi, lui-même disciple du grand saint de Fez, le Shaykh Abd al Aziz ad-Dabbagh (que Dieu soit satisfait d’eux) qui reçut la baraka de Sayyiduna al Khadir (sur lui la paix). Le Shaykh Ahmad Ibn Idris rencontra lui-même al-Khadir en présence du Prophète. Le Prophète récita alors les litanies à al-Khadir qui les enseigna, à son tour, au Shaykh. Le Coran raconte comment Moïse (sur lui la Paix) rencontra, au confluent des deux mers, ce personnage singulier détenteur d’une Miséricorde et d’une Science venues de Dieu,3 et dont le nom évoque l’éternel verdoiement de la vie spirituelle qui s’alimente à l’eau inépuisable de la Science divine.

Ainsi, sur le plan de l’orthodoxie doctrinale comme dans le domaine opératif, la « voie Ahmadienne », en se référant au nom ésotérique du Prophète lui-même, témoigne, non seulement de la régularité de son insertion dans la chaîne initiatique et de l’authenticité de sa pratique rituelle, mais aussi d’une influence spirituelle universelle, comme est universel l’islam lui-même.4

Né au Maroc en 1750, le Shaykh Ahmad Ibn Idris quitta définitivement Fez en 1798, et arriva à la ville sainte de La Mecque en 1799, après avoir enseigné dans le Maghreb et en Égypte. En 1803, les Wahhabites firent leur entrée à La Mecque, où ils restèrent pendant dix ans. Ces derniers prêchaient, à la suite de Muhammad Ibn Abd al-Wahhab, un retour aux sources de la religion et à la pratique des pieux anciens, d’une manière apparemment semblable à l’enseignement du Shaykh Ahmad Ibn Idris. Cependant, tandis que les Wahhabites entendaient ce retour aux sources à la seule lumière de l’entendement humain, dans un conformisme aveugle à la Loi religieuse, le Shaykh Ahmad Ibn Idris, quant à lui, le comprenait comme imitation et réalisation du modèle prophétique, dans la perfection des aspects extérieurs et intérieurs.

Les oulémas de La Mecque, jaloux et inquiets de la popularité du Shaykh Ahmad Ibn Idris, le soumirent à plusieurs reprises à des épreuves « inquisitrices » dont il sortit vainqueur à chaque fois, en raison de son érudition et de sa connaissance spirituelle. Les Wahhabites furent chassés de La Mecque en 1813 par l’armée turco-égyptienne. Le Shaykh Ahmad Ibn Idris quitta les lieux saints en 1827-1828. Il voyagea pendant quatre ans et finit par s’installer à Sabya, en Asir, dans l’ancien Yémen. En 1832, il fut de nouveau défié par les oulémas wahhabites, forts influents dans la région, dans une joute oratoire qu’il remporta de nouveau. À la suite de ce débat, le Shaykh, s’adressant à ses disciples, dira à propos de ces savants :

Regardez ce qui s’est passé. Ce n’est pas ce que j’ai voulu, cependant ils l’ont mérité à cause de leur comportement. Ce sont de pauvres misérables qui s’en tiennent simplement aux aspects extérieurs de la Loi religieuse. Ils connaissent quelques détails des sciences religieuses, et accusent d’erreur ceux qui s’opposent à eux. Si seulement ils comprenaient quand, ne sachant pas, ils sont instruits ! Et si seulement ils acceptaient quand, étant égarés, ils sont guidés ! Mais ils ne seront pas blâmés pour leur arrogance et leur obstination, car cette attitude est dans la nature des ignorants !

À travers quelques extraits significatifs du débat5 qui s’est tenu entre le Shaykh Ahmad Ibn Idris et l’un des représentants des Wahhabites de la région, nous souhaiterions montrer comment le témoignage et l’effort spirituel de certains maîtres et savants véritables, dépositaires et transmetteurs de la Science sacrée, ont pu garantir la fonction de revivification et de protection du patrimoine spirituel de l’islam, en tout temps et en tout lieu, pour transmettre la lumière de la Sagesse divine éternelle.

Toute sa vie durant, le Shaykh Ahmad Ibn Idris puisera dans cette Science venue de Dieu. Malgré son extraordinaire érudition en matière de sciences religieuses, dont il fera preuve dans ses débats avec les oulémas, il savait qui était, en fait, son seul vrai Maître. Le Coran ordonne en effet : « Craignez Dieu, Il vous enseignera, et Dieu est Omniscient ». Parlant des savants qui ne possèdent qu’une connaissance extérieure et superficielle de la Loi sacrée, sans détenir les clés qui leur permettraient d’en comprendre le sens profond, le Shaykh cite ce dernier verset et le commente ainsi :

Craindre Dieu, c’est agir par ce que l’on sait. L’Envoyé de Dieu a dit : « Celui qui agit par ce qu’il sait, Dieu le fera hériter du savoir de ce qu’il ne sait pas ». C’est le sens de la tradition prophétique : « La Science est acquise par l’enseignement », c’est-à-dire l’enseignement de Dieu.

Dieu seul donne la science, mais c’est le Prophète qui nous montre l’exemple de la crainte qui est la juste préparation à ce don. On rapporte que celui-ci disait : « Il n’y a personne qui ne craigne Dieu plus que je Le crains ». À l’exemple du Prophète Muhammad, les véritables savants sont ceux qui viennent chercher la Sagesse divine directement à sa source, auprès de Dieu, et prient en demandant à Dieu d’augmenter leur science : « Rabbi zidni îlman ! » Ce sont les savants de cette science-là, portée par la piété et la conscience de la présence de Dieu en chaque lieu et chaque instant, qui sont vraiment, selon un hadith, « les héritiers des prophètes ». Conscients de la valeur sacrée de l’héritage prophétique dont ils sont les dépositaires, et qui n’est autre que la Science divine, les savants par Dieu, selon la parole d’un autre héritier du Shaykh Ahmad Ibn Idris, sont ceux qui ont réalisé l’ouverture de l’intellect (âql), la vision avec l’œil du cœur (âyn al-qalb) qui conduit à la science de la certitude (îlm al-yaqin), et qui savent susciter, chez ceux qui les fréquentent, le goût (dhawq) pour la connaissance de la vérité (mârifa). »6

Le Shaykh Ahmad Ibn Idris continue :

Celui qui craint Dieu, Dieu l’enseignera. Celui ne Le craint pas, non seulement Dieu ne l’enseignera pas, mais Il l’égarera, y compris en le détournant de ce qu’il a mémorisé. Dieu placera un voile sur sa compréhension et tu le verras alors, (semblable à l’âne qui porte des livres).7

Les savants obnubilés par la recherche de « preuves » littéraires dans le Coran ou dans la Sunna, font de la connaissance des sciences religieuses une simple érudition, comparable à une accumulation toute quantitative de données qui se suffit à elle-même. En détournant l’attention du savant de l’essentiel, la science ainsi acquise devient stérile, et l’empêche d’accéder à la connaissance du cœur. D’ailleurs, en arabe, ne dit-on pas de celui qui a mémorisé le Coran, qu’il « le conserve sur le dos du cœur » (hafizhahu âla zhahr al-qalb) ? Le savant véritable est celui qui saura maintenir une ouverture vers le haut, afin que Dieu remplisse son cœur de la seule Science « utile », qui peut apporter la certitude et la paix de l’âme, en sortant celle-ci de ses illusions mentales.

Il est dit dans le Coran que « Dieu n’impose à aucune âme plus que sa capacité », « La yukallifu-Llahu nafsan illa wusâha ». Cela dit, il faut se rappeler que « al Wasi’ » est précisément l’un des quatre-vingt-dix-neuf plus beaux noms de Dieu et que c’est Lui seul qui détermine notre degré d’ouverture et notre capacité à accueillir Sa Science, toujours mieux et toujours davantage. L’effort des intellectuels musulmans consiste donc à toujours s’ouvrir davantage pour recevoir une science plus vaste et plus profonde, de façon à être capables, eux aussi, de la transmettre fidèlement.

Ainsi la doctrine elle-même doit être considérée comme le support indispensable de celui qui doit s’en approcher, non pas d’une manière exclusivement technique ou littérale, mais comme une étincelle de connaissance qui aide à trouver la bonne direction en toutes choses. Les oulémas ne doivent donc pas être assimilés superficiellement à une catégorie de personnes aptes à la gestion de normes juridiques pouvant régler la vie sociale du musulman. Mais l’on devrait plutôt considérer que, si certains d’entre eux ont su se rendre particulièrement précieux et efficaces dans leur étude du droit, il ne faut pas pour autant exclure de cette catégorie les autres hommes de connaissance qui ont su œuvrer avec la même clarté dans d’autres domaines que dans celui de la législation. Il faudrait reconnaître chez les oulémas un caractère plus vaste, proprement lié à leur fonction de responsables de la Science sacrée, de cet « îlm » qui est de nature universelle et qui contient, de ce fait, toutes les solutions nécessaires pour décider de chaque aspect de la vie dans le plein respect des règles dictées par l’ordre naturel que Dieu a créé.

En niant la possibilité même de l’inspiration divine, seule étincelle qui puisse éclairer la connaissance extérieure de la Loi religieuse, le rationalisme des littéralistes enferme ceux-ci dans une compréhension uniquement mentale de la religion, qui les empêche de voir au-delà de la lettre de la Loi. Répondant à ses détracteurs, le Shaykh Ahmad Ibn Idris dit :

Si vous aviez eu accès à l’immense Science (al-îlm al-wasî) à laquelle d’autres que vous ont eu accès, les réalités profondes vous seraient apparues avec évidence, et vous marcheriez sur la plus claire des voies. Mais vous vous êtes limités à vous-mêmes, si bien que les chemins que vous empruntez se sont rétrécis. Vous avez réduit la religion de l’islam à ce que vous connaissez, et vous prétendez que vous serez sauvés et que les autres périront. Que Dieu nous guide et vous guide.

Cette mise en garde du Shaykh montre à quel point il est dangereux de ne considérer la portée de la religion qu’à la mesure de la simple compréhension des individus. Cette tendance se trouve à l’origine même de toute déviation, puisqu’elle ne prétend plus que la conception religieuse s’appuie sur l’objectivité d’une connaissance directe de la réalité spirituelle, qui ne peut jamais s’opposer aux préceptes extérieurs de la religion mais qui, au contraire, les vivifie dans leur plénitude. C’est dans ce sens que « les savants sont les héritiers des prophètes » et non, comme on prétend les considérer aujourd’hui, de simples détenteurs des données traditionnelles sans aucune science. Les savants ont le devoir, selon l’exemple prophétique, de maintenir l’équilibre entre les dimensions intérieure et extérieure de la Tradition, c’est-à-dire préserver l’héritage spirituel dans son intégrité et intégralité, car cette perspective, vécue avec la sincérité qu’on lui doit, crée naturellement une ouverture vers le haut et une réelle possibilité d’ascension spirituelle et de connaissance. C’est dans ce sens que la volonté systématique de faire de la Sunna prophétique un simple code comportemental, sans garder en elle et à travers elle une tension vers le surnaturel, prend un caractère sinistre.

Outre le fait de limiter la religion à leur simple entendement, l’erreur de ces savants est de s’exprimer sur des choses qui ne relèvent pas de leur compétence, en les jugeant de manière hâtive. Le Shaykh Ahmad Ibn Idris disait à ce propos que « la plus grande crainte de Dieu consiste à s’arrêter à la limite de ce que l’on sait, et de ne pas la dépasser ». Ainsi, à l’un des juristes wahhabites qui manifestait son rejet de la dimension intérieure de l’islam, le « Tassawwuf », le Shaykh Ahmad Ibn Idris répondit simplement :

Si tu avais eu connaissance de la réalité, tu ne serais pas entré dans ce domaine, qui est trop vaste pour toi de toute façon. Tu ne fais pas partie des hommes de cette communauté spirituelle (les gens du « tassawwuf »). Les hommes de toute discipline sont en terrain sûr dans leur propre discipline.

Certains courants, déjà présents à l’époque du Shaykh, et qui cherchent en ce moment à s’imposer au sein de la communauté islamique, tendent à occulter et à combattre systématiquement toute référence à cette dimension intérieure de la tradition, autant en ce qui concerne la doctrine que les moyens particuliers de grâce, qui sont eux aussi reliés, par une chaîne ininterrompue de transmetteurs, directement au Prophète. Mais l’intérieur et l’extérieur ne sont autres que les deux aspects d’une même réalité, comme le sont la paume et le dos de la main, et ils répondent à des nécessités différentes sur le plan spirituel. On rapporte que quelqu’un demanda à un grand maître spirituel ce qu’il pensait de l’enseignement ésotérique (madhhab al batin). Il répondit :

Lequel entends-tu ? Le vrai ou le faux ? S’il s’agit de l’ésotérisme vrai, la loi extérieure (shariâ) est son aspect extérieur et celui qui la suit vraiment en découvre l’aspect intérieur, qui n’est autre que la connaissance de Dieu ; quant au faux ésotérisme, ses aspects extérieur et intérieur sont plus horribles et détestables l’un que l’autre. Alors restes-en loin.

La Sagesse divine dont le Shaykh Ahmad Ibn Idris était dépositaire ne provenait que du Coran, Parole inépuisable de Dieu, et de la Sunna du Prophète. Sa soif de connaissance le portait à concentrer son attention uniquement sur Dieu, en essayant de retrouver dans chaque chose l’ouverture du cœur, l’illumination de l’intellect qui le rapprocherait de son Seigneur.

Ainsi, en parlant du saint Coran, il disait :

Nous pensons qu’il est nécessaire de s’occuper du commentaire extérieur, car il n’y a aucun espoir à parvenir au sens intérieur avant de maîtriser le sens extérieur : celui qui prétend comprendre les secrets du Coran sans en maîtriser le commentaire extérieur est semblable à celui qui prétend arriver au cœur d’une maison avant d’en passer la porte. Grâce à Dieu, nous faisons partie de ceux qui maîtrisent le commentaire extérieur. Mais nous ne nions pas le fait que, au sein même des versets coraniques, se cachent des indications renvoyant à des significations subtiles qui sont dévoilées aux maîtres de la Voie, et qui s’accordent avec les sens apparents visés. Savoir cela appartient à la pureté de la foi et à la perfection de la connaissance. C’est ce que prouve la tradition prophétique suivante : « Chaque verset a un sens extérieur et un sens intérieur. Chaque lettre a une limite, et chaque limite possède un lieu d’ascension ». Les versets coraniques possèdent des significations intérieures qui sont comprises par ceux dont Dieu a ouvert le cœur, et celui qui craint Dieu, Dieu lui enseigne ce qu’il ne sait pas.

Chaque relativisation ou réduction de la Parole divine à un plan impropre comporte, d’un point de vue traditionnel, une fermeture, dans la perspective de la connaissance. Le travail et la fonction des savants à l’intérieur de la communauté islamique se sont toujours manifestés sous la forme d’un véritable « jihad », d’un effort spirituel, pour éliminer cette fermeture, autant intérieurement qu’extérieurement, et donc pour rétablir, à travers une ouverture (fath), une voie effective de communication avec Dieu.

En s’efforçant de passer outre l’apparence des formes pour ramener chaque chose à son Principe, comme le faisait le Prophète lui-même, le Shaykh Ahmad Ibn Idris se distinguait du faux savant par une plus profonde compréhension des signes et des significations de la Révélation du Coran. Cette connaissance directe de la Réalité lui permettait de voir en toutes choses le reflet d’une réalité supérieure et d’être, en conséquence, capable de trouver, pour chaque situation susceptible de se présenter à lui, la réponse la plus apte à l’obtention d’un bienfait spirituel. C’est ainsi que le Prophète définit la science qu’il faut rechercher sans cesse, « fût-elle en Chine », la science utile qui incite à une crainte révérencielle toujours plus grande, dans la certitude qu’il n’y a de dieu que Dieu. À la fin du débat, le Shaykh Ahmad Ibn Idris rappellera à ses disciples : « L’apparition de l’ignorance et la disparition des savants font partie des signes de l’Heure ». De nos jours, où les signes de la dégénérescence des temps sont toujours plus évidents, il importe de savoir retrouver cette vitalité spirituelle et cette vigilance intellectuelle qui caractérisent les prophètes, les saints et les savants véritables. L’exemple du Shaykh Ahmad Ibn Idris nous rappelle que la recherche de la connaissance de Dieu est le seul effort qui ne soit pas vain dans ce monde. Ainsi, le patrimoine spirituel transmis par les prophètes jusqu’aux savants n’appartient pas à un passé révolu, mais il peut être encore actualisé par tous ceux qui aspirent à vivre, en chaque lieu et chaque instant, le message éternel de l’islam.


  1. R. S. O’Fahey : The Enigmatic Saint Ahmad Ibn Idris and the Idrisi Tradition, Northwestern University Press, 1990, p. 79.
  2. Coran, XXIX, 45.
  3. Coran, XVIII, 60 - 82.
  4. Shaykh Abd-al-Wahid Pallavicini : L’islam intérieur, Ed. Christian de Bartillat, 1995, pp. 88 - 90.
  5. Hasan Ibn Ahmad Akish ad-Damadi : « Munazarat Ahmad Ibn Idris maâ fuqahaa Asir », in Bernard Radtke, John O’Kane, Knut S. Vikor, R. S. O’Fahey, The exoteric Ahmad Ibn Idris, A sufi’s critique of the madhahib and the Wahhabis, Four Arabic texts with translation and commentary, Brill, 2000.
  6. Yahya Sergio Yahe Pallavicini : « La responsabilité des musulmans européens dans le monde contemporain », in Les Cahiers de l’Institut des Hautes Études Islamiques, n° 14, année 2002, pp. 89 - 90.
  7. Coran, VI, 5.

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